Le petit grenier

Nos biais cognitifs

Les biais cognitifs nous empêchent de réfléchir de manière tout à fait rationnelle.

(Parfois j’écris des choses qui ont un rapport un peu lâche avec Coccinelles et compagnie, mais j’aime quand bien de les publier ici 😉 )

Est-ce que vous avez déjà eu l’impression de reconnaitre quelqu’un.e alors que ce n’était pas lui.elle ? Est-ce que vous vous êtes déjà dit que si c’est Machin qui l’a dit, ça doit être vrai ?

Notre cerveau va très vite. Il trie les informations, déblaie, amalgame, synthétise, compare, projette, renforce, élude, bouche les trous, pour répondre à nos questions ou les anticiper. Et il le fait en fonction de ce qu’il sait déjà, de notre histoire, de nos motivations et valeurs, de sa fonction de nous sauver la mise (ou la vie), des ressources à immobiliser, etc.

Il a donc des ‘’biais cognitifs’’ : des trucs qui l’empêchent de réfléchir de manière tout à fait logique, cohérente et rationnelle. (Et je n’ai pas dit que seule la rationalité compte, dans la vie 😉 ).

Ces biais cognitifs sont bien étudiés en sciences humaines et portent des noms un peu savants. J’ai essayé d’en rendre quelques uns concrets. Je me dis que ça peut servir, par exemple pour analyser les informations que nous voyons sur les réseaux sociaux et comprendre nos réactions. Enfin, les miennes, en tous cas 😉.

Par exemple :

– Je prends en considération une information avec laquelle je suis d’accord, sans voir qu’à côté il y en a une autre qui la contredit.

– J’arrive à la conclusion qui m’agrée avec un raisonnement à la va comme j’te pousse (ou : comme je suis persuadée d’un truc, je vais arriver à le prouver d’une façon ou d’une autre).

– Je connais 2-3 trucs sur un sujet et hop j’en fait une généralité, même si ces infos ne sont pas très représentatives.

– Comme je suis tombée 3 fois en suivant sur une voiture rouge, je ne vois plus que des voitures rouges et j’ai l‘impression que le nombre de voitures rouges a explosé.

– Comme 3 personnes de ma commune sont devenues des stars, les autres habitants de la commune ont plus de chances de le devenir.

– Je perçois une relation entre deux événements non reliés (par exemple, j’associe une caractéristique d’une personne au fait qu’elle appartienne à tel groupe particulier alors que les deux sont sans lien).

– Comme je sais utiliser un téléphone (nokia 3310), je me lance sans mode d’emploi dans l’usage de mon téléphone (iphone 15).

– Comme j’ai vu passer plusieurs fois l’information qu’il pleut, je suis persuadée qu’il pleut sans regarder par la fenêtre.

– Comme je viens tout juste d’apprendre le décès par cancer d’une femme de 35 ans, j’ai davantage tendance à craindre les cancers pour mes proches de cet âge.

– Je suis plus maligne, mieux formée, plus débrouillarde, plus solide moralement que la majorité des gens, et que donc je vais mieux m’en sortir ou que mon avis est meilleur.

– Je suis moins intelligente, perspicace, douée, habile que la plupart des gens. Je vais donc avoir une vie moyenne, au mieux, et mon avis a peu d’importance.

– S’il y a autant de chômeurs, c’est parce qu’ils ne veulent pas travailler (facteur personnel). Pas parce qu’il n’y a pas assez d’emploi (facteur conjoncturel).

– Cette personne est belle, bien habillée, souriante, elle est donc intelligente. (Nota bene : à mon avis ce biais est surtout valable pour les hommes, une femme belle, bien habillée, souriante est plus souvent jugée comme sexy que comme intelligente…).

– Ma famille a toujours pensé comme ceci, donc je pense comme ceci.

– Je vis entourée de gens qui vont à la messe ou aiment les papillons et donc j’ai l’impression que tout le monde va à la messe ou aime les papillons. En politique, cela peut donner l’impression « qu’on » est beaucoup plus nombreux qu’on ne l’est.

– Je suis rousse, je favorise les roux, consciemment ou pas, quand je recrute du personnel.

– Comme j’ai beaucoup vu la publicité pour les culottes de règles, je crois que c’est un bon produit, que je vais proposer et/ou acheter.

– Les belges ont perdu au foot… ‘’je te l’avais bien dit’’ (croire qu’une prédiction était réelle sous prétexte qu’elle s’est vérifiée).

– J’ai tendance à donner plus de poids aux informations et aux expériences négatives qu’aux positives et à m’en souvenir davantage (et les médias, donc…).

– J’accorde plus d’importance aux bonnes nouvelles/expériences qu’aux mauvaises.

– Comme tout s’est bien passé jusqu’ici (Fukushima 2010), il n’y a pas de raison qu’il y ai de souci (Fukushima 2011)

– La maison de mon voisin et la mienne sont identiques. Mais la mienne vaut certainement plus d’argent.

– Je crois que le statu quo est plus risqué que le changement, je dénie donc les informations qui m’obligeraient à changer.

– Je connais bien Untel et je l’aime bien (j’hésite à mettre un nom), je réagis donc comme si c’était le cas de tout le monde.

– J’aurai plus tendance à accepter une opération chirurgicale si on me dit qu’elle a 50% de chances de réussite que si on me dit qu’elle a 50% de probabilité d’échec.

– Comme ma sœur, mon bourgmestre, ma chanteuse préférée le pense, ça doit être correct.

– Comme j’ai vu passer de nombreuses fois la photo d’un homme politique, c’est que c’est quelqu’un de bien/d’incontournable.

– J’aime bien le premier plat du menu du restaurant. Je le choisis donc, sans lire le menu jusqu’au bout alors qu’il y a peut-être mon plat plus que préféré plus loin.

– Je n’ai pas vu la dame en rose qui traversait la rue que mon mari dit avoir vue… donc je lui dis qu’il n’y a pas de dame en rose.

– Je me souviens des 3 premières choses sur ma liste de courses et pas des dernières.

– Il est probable qu’il pleuve demain est égale à il va pleuvoir demain.

– Si j’ai réussi c’est grâce à moi. Si j’ai raté c’est à cause du prof.

– Comme je n’ai pas plus d’information sur l’hypothèse A que sur l’hypothèse B, elles sont aussi probables l’une que l’autre.

– Ce n’est pas moi qui me suis trompée, c’est forcément l’autre.

– Cet automobiliste a VOULU me faire mal en ouvrant sa portière devant mon vélo. (Ou ‘’Si tu as oublié mon anniversaire, c’est que tu ne m’aimes pas’’.)

– J’ai des informations sous la main, ce sont donc les bonnes. Ah bon, il y en avait d’autres à chercher ?

– Est-ce qu’il y a plus d’excès de vitesse dans ma rue ? Ou est-ce la présence d’un radar qui permet de les compter ?

– J’ai une présomption de la culpabilité de Machin, je vais donc trouver ‘’comme par hasard’’ toutes les informations qui le confondent.

– J’ai tendance, comme consommatrice, à accorder une valeur supérieure aux produits que j’ai partiellement créés (ça s’appelle l’effet Ikéa ha ha).

– Je retiens mieux les informations de l’oratrice captivante que de l’oratrice monotone.

– J’ai toujours fait comme ça…

– L’information bien mise en page ou en graphique est plus crédible qu’un long texte.

– Si mon entreprise ne communique pas sur ce produit déficient, personne ne s’en apercevra.

– Comme j’ai déjà payé 3 milliards pour creuser un métro, je ne vais pas abandonner, même si la suite coûte XX milliards.

– Une information vraie est vraie pour toujours.

– Je suis quelqu’un d’optimiste, donc je crois que ‘’ça’’ n’arrivera qu’aux autres (et je peux regarder mes sms en conduisant).

– Je suis quelqu’un de pessimiste, je suis sans cesse persuadée que le ciel va me tomber sur la tête.

– S’il y a un élément de vrai dans mon horoscope de la semaine, j’en déduis que tout le reste de ce qu’il m’annonce est vrai aussi.

– Je crois vraiment que moi je n’ai pas de biais cognitifs.

Bravo d’être arrivé.e jusqu’ici 😉

Ça donne à réfléchir, non ?

(Image générée par l’AI de Canva)


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